Après des mois d’actu, d’articles, de reporting en festival, le blog happeero se lance un nouveau défi. Dénicher, s’entretenir et publier chaque mercredi une rencontre avec ceux qui émoustillent tes oreilles, ceux qui te font taper du pied les weekends et ceux qui en coulisses te mettent bien tout au long de l’année. Bref, ceux qui permettent à la France d’être aujourd’hui l’un des pays les plus prolifiques en matière de musiques électroniques.

Avec son compère de - presque - toujours, il forme le duo de techno expérimentale Ottoman.grüw. Quelques dates, un groupe de potes passionnés de musique électronique, et le voilà lancé dans un nouveau projet : le collectif Brakage. Entre humour et simplicité, rencontre avec Jean, le fondateur du jeune collectif.

happeero : Brakage, quésaco ?

Jean : Brakage c’est un collectif créé en septembre dernier. Notre description « officielle » est :

« Le collectif Brakage s’est réuni autour de la passion des musiques électroniques, des arts pluridisciplinaires et bien sûr des vols à main armée. Ses membres sont de toutes sortes ; voyous joueurs de disques, malfrats armés de machines, tacticiens ouvreurs de coffre-fort ou encore canailles maniant aussi bien la carotte que le bâton. Tout est fait pour réaliser un gros coup et faire vibrer chaque lieu qu’ils visiteront au rythme de leur méfaits. »

Autrement dit, on aime la musique, l’art, mais surtout prendre les choses avec humour. On essaye en quelque sorte de désacraliser ce que l’on fait, donc un des éléments phares de ce projet de collectif est celui de faire les choses sérieusement, mais tout en ne ne prenant pas trop au sérieux.

Monter un collectif de musique est une aventure magique. Une anecdote à partager d’un des membres de ton crew ?

J. : J’ai une anecdote assez absurde ; un dimanche matin de lendemain de soirée le GIGN est venu toquer chez une des membres du collectif qui habite dans le XIXème. Elle ouvre la porte et les mecs du GIGN pointent leurs armes sur elle en hurlant « mains en l’air et contre le mur ». Ils rentrent, font un tour de l’appart, petent un tabouret et repartent. Voilà.

Brakage est un collectif parisien, comme il en existe des dizaines. Quelle(s) différence(s) entre vous et les autres ?

J. : Je dirai tout simplement que nous sommes les meilleurs. Voilà. Bisous.

Non plus sérieusement j’ai l’impression qu’une différence importante se situe dans notre pluridisciplinarité ; pour le moment nous n’avons fait que des événements centrés sur la musique, il est vrai, mais fin janvier aura lieu à Paris un mini-festival d’art, qui regroupera différents champs artistiques, comme la sculpture, la photographie, mais aussi la danse, la peinture, la performance, la musique expérimentale et bien d’autres encore.

Une autre différence se situe au niveau de notre esthétique globale. Beaucoup de collectifs jouent à fond sur la beauté de leurs visuels, avec des créations épurées en noir et blanc, avec un ton très sérieux, des noms beaux et puissants. Nous, on se distingue sûrement par notre humour douteux et notre second degré omniprésent.

Le 1er décembre, vous jouez au Batofar. A quoi faut-il s’attendre ?

J. : Un line-up de qualité 100% Brakage (Saunö, Solar Galatea, ZEK, ottoman.grüw) et pour la première fois le live d’Otis ( ZEPHYMIR), qui vient d’intégrer le collectif, et qui a déjà quelques projets à son actif (Vein Label, The Techno’s Children…). Vont s’ajouter à ce beau monde une artiste visuelle, qui sera d’ailleurs présente à notre mini-festival d’art fin janvier : Lynn Cariou (artiste graphique, actuellement aux Arts Déco).

La musique, c’est souvent une affaire de passion. D’où vient-elle pour toi ?

J. : J’ai eu la chance d’avoir une mère guitariste, qui m’a bercé de classiques et qui m’a amené à beaucoup de concerts avec elle quand j’étais petit. J’ai aussi un grand-oncle qui était chef d’orchestre en Italie et qui m’a un peu poussé à commencer la musique jeune. Malgré ça j’ai abandonné la musique pendant pas mal de temps, mais depuis 4 ans je suis heureux d’en faire à nouveau, et avec Brakage les occasions de se confronter avec le public ne manquent pour le moment pas.

Jeffs Mills a reçu la Légion d’honneur l’an dernier. C’est quoi ton point d’honneur dans ce que tu produis ?

J. : Être humble. Les mondes de la nuit et de l’art sont propices à la prise de grosse tête, donc je pense qu’il est important de ne pas se laisser dépasser par tout ça. Le fait d’avoir l’humour comme l’un des maîtres-mots du collectif doit sûrement aider.

La collab’ qui te ferait rêver, ce serait avec…

J. : Une collab’ avec le 104 à Paris ce serait vraiment exceptionnel, en termes de pluridisciplinarité artistique ils sont au top. Concernant la musique il y a plein de collectifs parisiens avec qui on aimerait faire de choses dans le futur, notamment nos amis de chez Electronic Feeling qui arrivent à proposer des événements qualitatifs sous différents formats.

Sinon en ce moment on se demande  » avec quelles structures non-institutionnelles pourrions-nous collaborer ? », car au sein de Brakage il y a une grande envie de proposer une alternative à ce qui existe déjà, mais surtout une alternative aux institutions, pour retrouver une certaine liberté qu’elles ne permettent pas. Voyons-voir où est-ce que tout cela va nous mener.

Nos lecteurs sont des fêtards aguerris. Si tu devais donner 3 morceaux à diffuser coûte que coûte en soirée, quels seraient-ils ?

J. : Glow - Glow (DJ Sonny’s Remix) sorti en 2006 sur SAW Recordings
Switchdance - O Amolador sorti en 2017 sur Innervisions
Dan Shake - Claudia’s Trip sorti en 2016 sur Shake

La pépite du moment que tu ne peux t’empêcher d’écouter :

J. : En ce moment j’écoute beaucoup « Le Serpent Qui Venait Du Soleil » dernière track de Louis (Solar Galatea) avec qui j’ai fondé le collectif. C’est super planant, ça me repose.

L’instant promo pour le mot de la fin…

J. : Le Batofar arrive le 1er décembre. Après ça, fin janvier nous allons donner vie à ce mini-festival d’arts pluridisciplinaire (dont le nom est celui d’une émission TV que beaucoup d’entre-nous regardaient quand ils étaient enfants, suspens).

Fin février nous prévoyons d’organiser quelque chose de cool dans un endroit encore peu connu, avec une line-up qui devrait beaucoup vous faire danser, mais on ne vous en dit pas plus.

Tendres bises cleptomanes et rendez-vous derrière les barreaux,